Sol magnétique

Un sol est en général plus magnétique que la roche sur laquelle il se développe. Eugène Le Borgne a été le premier à faire ce constat dans les années 1950, tout d’abord dans la région de Fougère (Finistère), puis sur des sols variés. Initialement, il cherchait à quantifier les artefacts créés par les propriétés magnétiques des sols sur les mesures d’intensité de champ magnétique d’une prospection géomagnétique, qui à l’époque ne concernait que les applications géologiques.

Aujourd’hui, les choses se compliquent. En effet, en 1950 le remembrement des terres agricoles n’est pas d’actualité, le parcellaire est donc hérité du passé. De même, la mécanisation ou l’agrochimie n’a pas eut encore un impact fort sur le fonctionnement physicochimique des sols. Malheureusement, pour quantifier un tel impact, il faudrait disposer de sols naturels. C’est la que le bas blesse. Qu’est ce qu’un sol naturel ? Si c’est un sol qui s’est constitué par des actions physicochimiques naturelles, sans interaction avec la main de l’homme, alors j’ai bien peur que c’est une quête du graal.

L’homme a modifié son environnement en impactant les sols depuis la néolithisation, c’est à dire quand l’homme est devenu éleveur et agriculteur, impliquant sa sédentarisation. Cette phase d’évolution des sociétés n’est pas synchrone dans toutes les régions de la planète. Au départ, les sociétés premières n’avaient pas la technologie des métaux. De ce fait, le défrichage des terres, pour y planter les plantes utiles ou pour y faire pâturer le bétail, passe par le brulis. L’impact de cette pratique sur les propriétés magnétiques des sols n’est pas neutre.

La croissance démographique, associée à des pratiques de chasse et d’agriculture, qui peuvent être considérées comme durable selon notre regard actuel, mais qui n’en sont pas moins impactantes sur la fertilité des sols et la richesse du milieu, ont conduit ces premières sociétés à se déplacer et étendre leur territoire en investissant toujours de nouveaux milieux. Quel est donc l’espace émergé à la surface du globe qui ne recèle pas de vestiges d’une occupation passée ?

La forêt primaire tropical ? Aujourd’hui elle brule. Elle a déjà brulé dans le passé, très certainement même avant que les sociétés humaines l’investissent. Certes aujourd’hui cela s’emballe. Revenons aux sols de ces forêts tropicales dites  primaires (voir Forêt primaire). La recherche de vestiges, ou l’analyse de la variation spatiale de la biodiversité montre qu’il n’y a probablement pas 1 km² non impacté par des occupations passées. Nous ne sommes donc pas dans des forêts primaires, mais dans des forêts matures, ou l’activité du vivant estompe les traces laissées par nos aïeux lointains, il y a plusieurs siècles.

S’il n’y a pas de forêt primaire, au sens de « jamais impacté par l’homme », alors il est peu probable que des espaces soient encore vierge et donc des sols naturels. Si cette affirmation est réfutée, comment identifier des sols naturels, du moins, vis-à-vis de leurs propriétés magnétiques, sujet abordé ?

Je vous dirais ici prochainement comment Le Borgne a interprété cela (fermentation…, feu…) et ce que nous savons depuis ces premiers travaux.

FL/08/09/2019

 

Vous voulez savoir si le sol de votre voisin est plus magnétique que le votre, je vous propose une solution ici.