Actualité

Les sociétés préhistoriques littorales Atlantiques Nord. septembre 2022

Nous faisons partie du consortium d’équipes qui, de manière pluridisciplinaire, s’attaque à la reconstitution des sociétés qui vivaient sur les littoraux de l’Atlantique Nord dans des périodes de remonté rapide du niveau marin, conséquence du réchauffement climatique holocène qui suit la dernière glaciation il y a environ 20 000 ans. Le projet GEOPRAS, financé par l’ANR a débuté en 2022 et se déroulera sur 4 ans. Les détails du projet peuvent être consulté sur le site :

https://osur.univ-rennes1.fr/actualites/geopras-un-projet-anr-pour-comprendre-les-societes-littorales-de-la-prehistoire-recente

ou suivez l’actualité du projet sur

https://mobile.twitter.com/projetgeopras

Notre participation à ce projet amène les outils de l’imagerie géophysique de surface pour évaluer le potentiel d’un site à avoir conservé des vestiges des passages de sociétés qui ne maitrisées pas encore les métaux. La période ciblée marque le passage d’un mode de vie chasseur-cueilleur du mésolithique, explorant un espace important au cours de leur vie, à des éleveurs-cultivateurs nécessairement plus sédentaire. Les vestiges restent modestes tant qu’il n’y a pas de sédentarisation.

Le premier site étudié dans ce cadre est le site mésolithique de Port Neuf sur l’ile de Hoedic. Ce site a été découvert par les époux Péquart dans les années 1930. Nos premiers résultats devraient être publiés sous peut.

Les bouilleurs de sel, suite ou fin ? août 2020

Nous ne faisons pas partie des lauréats du cru 2020 de l’appel à projet de la région Nouvelle Aquitaine. La course aux financements de nos travaux de recherche est malheureusement une tache trop rarement couronnée de succès. C’est un des travers du monde actuel de la recherche : beaucoup de temps passé, souvent perdu, pour rechercher des financements, au détriment de notre production scientifique.  Pour nous assurer les moyens de travailler il nous est nécessaire de courir plusieurs lièvres (projet de recherche) en même temps.

Pour les sujets, ce n’est pas ça qui manque. Ça serait plutôt le temps qui nous manque, le temps pour traiter tous les sujets qui nous traversent l’esprit et qui ont un réel intérêt (oui, il y a du tri à faire). Pour ma part, le confinement m’a amené sur un nouveau chantier, à deux pas de chez moi, ce qui a pleins d’avantages…, je vous en parlerai prochainement.

Je suppose que les membres de l’équipe constituée autour du projet « bouilleurs de sel » ont eux aussi leur lot de nouveau sujet. La question est donc : avons-nous suffisamment de disponibilité pour maintenir ce projet dans nos futurs agendas ? Il faut aussi identifier ce qui ne nous a pas permis d’être lauréats. Quels sont les points de blocage ? Pouvons-nous construire une nouvelle version du projet qui aura plus de chances d’aboutir ? Pour le moment nous n’avons pas de retour sur l’évaluation du projet donc impossible de se prononcer sur le dépôt éventuel d’un nouveau projet « bouilleurs de sel, 2021 » .

Les bouilleurs de sel, janvier 2020

Bon, « bouilleurs de sel » est un raccourci qui est là en clin d’œil aux bouilleurs de cru dans le but d’aiguiser votre curiosité. Une formulation plus correcte serait : « les bouilleurs de saumure pour la fabrication de pains de sel ». Un peu moins aguicheur n’est-ce pas ?

J’aurai pu écrire « l’or blanc » ou « le sel gaulois », tout aussi aguicheur, mais de telles formulations ne serait faire apparaitre la raison de mon intérêt pour ce sujet : le feu . Au delà du feu c’est la mémoire des activités humaines passées que l’impact du feu engendre. C’est aussi au travers de ces traces que nous pouvons comprendre l’héritage de ces activités passées dans l’environnement actuel.

L’apparition de cette pratique dite de briquetage a été concomitante de la néolithisation des sociétés humaines. La maitrise de la ressource alimentaire à été le moteur d’une croissance démographique. C’est alors que la machine s’emballe. Le besoin de ressource augmente. La recherche de gain de productivité des activités humaines est en route. Le sel, NaCl ou halite, devient une ressource prisée pour les gains de croissance des animaux d’élevages et pour la conservation des aliments.

Les sources salées naturelles, produite par le lessivage de formations géologique riches en sel, telles les formations du Trias affleurant en bordure des chaines de montagnes, constitue la ressource naturelle initialement exploitée. Sur le littoral, les saumures ont obtenu par lessivage de croutes de sel artificielles. 

Un programme de recherche réunissant 5 laborartoires de recherche de 4 universités de la région Nouvelle Aquitaine sera déposé dans les prochaines jours pour une demande de soutient financier auprès de la région Nouvelle Aquitaine pour un programme jusqu’en 2023.

L’objet est en premier lieu de développer des méthodes d’imagerie géophysique pour étudier les vestiges des ateliers de production des pains de sel. Le second objectif est, après avoir étudier ces ateliers (études réalisées dans le cadre de 2 PCR), d’appréhender les conséquences des pratiques passées sur l’environnement actuel, en particulier en termes de déforestation et d’érosion des sols.

Si notre projet est retenu, un liens vers un site dédié au projet sera ajouter ici.

Les iles armoricaines, octobre 2019

Par « iles armoricaines » je parles des iles associées au massif armoricain, ne limitant pas l’espace géographique à l’Armorique mais correspondant à l’entité géologique, caractérisé par des roches antérieures à l’orogenèse hercynienne . Les roches sont dominées par une minéralogie similaire au granite, si ce n’en est pas. Les sols y sont donc à tendance acide (riche en quartz, de pH < 6 produit par la décomposition de la matière organique qui libère des acides associé à la faible concentration d’alcalin qui ne peuvent produire un effet tampon et sont lessivés par les eaux acides). Les coquilles de mollusques fragmentés présentes dans les sables de plage, ou dans les horizons dunaires, peuvent créer des milieux moins acides.

Quelques soit la situation, les propriétés magnétiques des sols sont généralement de faible intensité, du moins en surface. Une prospection géomagnétique dans un tel contexte est hasardeuse : le signal risque d’avoir une très faible dynamique. L’enjeu est pourtant élevé. En effet, l’insularité de ces territoires n’a pas toujours été de mise. Au cours de la dernière glaciation, le niveau marin été bien plus de 100 m au dessous du niveau que nous connaissons actuellement. Ces points haut du relief ont été isolé au cours de la remonté du niveau de la mer associé à la déglaciation amorcée il y a un peu moins de 20 000 ans (attention, la fonte des glaces polaires n’a qu’un rôle mineur, c’est le changement de volume des eaux des océans, qui se contracte en refroidissant et inversement, se dilate en se réchauffant, qui est l’effet majeur).

Comment ces territoires, qui sont devenu insulaire au cours de l’holocène, ont-il été occupé, exploité par les sociétés de l’époque ?

La faible mécanisation de l’agriculture sur ces iles, dont l’origine est très certainement à rechercher dans un parcellaire morcelé, ou des règles de gestion communautaire contraignantes, a permis de préserver la mémoire du sol. Une partie des informations encore préservées sont en périls du fait de l’accroissement de l’érosion côtière dans un contexte de réchauffement climatique (accroissement de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes, remonté du niveau des océans de quelques millimètres par ans du fait de l’élévation des températures des eaux de surface).

Les méthodes de l’imagerie géophysique permettent de couvrir des surfaces bien supérieures à celles qu’une fouille archéologique ne peut couvrir avec les mêmes moyens. Attention, les deux approches sont complémentaires : la prospection géophysique permet d’appréhender un site dans sont contexte environnemental. En soit, elle n’apporte aucune information chronologique et n’est le reflet que d’un état final. Par contre, la fouille apporte des informations stratigraphiques, permettant de reconstruire une chronologie sur le temps d’occupation du site.

La prospection géomagnétique permet d’obtenir une résolution spatiale élevées dans un temps d’intervention réduit (environ 1 ha/j à 20 à 40 mesures /m²). L’enjeu est donc de mettre au point les protocoles de prospection les plus adaptés aux contraintes du milieu et les plus performant. La végétation est un des facteurs limitant. Le relief et la présence de rocher sont d’autre contraintes qui nécessiteront la réalisation de dispositifs adaptés.

Les premières campagnes ont débutées en septembre 2017, d’abord sur des ilots puis sur des sites archéologiques littoraux d’iles plus vastes. La qualité des résultats est fortement dépendant de l’absence de vestiges d’occupation récente, sources de la présence de pollutions métalliques ferreuses.  Des structures d’habitat ou de camp peuvent être ainsi identifiées. La source du signal peut être complexe, alliant effet topographique et dépressions remplies de sol plus magnétique, ou moins magnétique que le substrat, selon sa nature. La diffusion des résultats des premiers travaux ne devrait plus tarder…

Les premiers amérindiens, septembre 2019

Après les grottes préhistoriques, la forêt tropical. La prospection géomagnétique peut être réalisée n’importe où. Il faut juste réaliser une représentation spatiale de la variation du champ magnétique local. Pour cela, par exemple, il faut réaliser des mesures d’intensité du champ magnétique en tout point de l’espace. En forêt tropical la végétation est étagée et contraint fortement les déplacements. De plus, la canopée limite fortement la propagation des ondes qui permettent un positionnement par satellite. En grotte, la solution utilisée pour le géopositionnement des mesures est la poursuite laser d’un réflecteur associé au(x) capteur(s). Cette solution est inapplicable en forêt. Les dispositifs techniques qui  permettraient un géopositionnement cinématique des mesures de champ magnétique ne sont pas encore opérationnel. La solution : la démarche de nos aïeux. Mesures réalisées point à point selon un carroyage implanté préalablement.

Résultat après plusieurs jours de travail : 250 m² couvert avec une résolution dérisoire de 4 mesures / m². Pour comparaison, une prospection en grotte se chiffre en centaine de milliers de mesures par jour. La carte révèle une anomalie ponctuelle extrême au milieu d’une zone d’anomalie s’étendant sur quelques m². C’est donc une mesure sur 1/4 de m² qui est troublante.

Décision de l’équipe LongTIme : ouvrir une fosse de 1 m². Hasard de calendrier, une équipe de tournage est là pour l’interview des archéologues présents. A vous de voir la suite.  https://www.dailymotion.com/video/x6mdxim

La vidéo de l’onglet  LongTIme correspond à la mission suivante.

Néandertal, aout 2019

Oui, d’accord, mon système pileux est développé et je suis fâché avec les instruments qui coupent… je ne parle pas de moi mais de nos ancêtres. Travailler dans des grottes préhistoriques implique un jour de croiser le chemin déjà emprunté par nos prédécesseurs. Cela a été immortalisé.

https://www.fage.fr/neandertal-le-mystere-de-la-grotte-de-bruniquel.html

https://www.arte.tv/fr/videos/078144-000-A/neandertal-le-mystere-de-la-grotte-de-bruniquel/

Une apparition montrant un essais de déplacement des capteurs de mesure de champ magnétique suspendus au bout d’une perche télescopique. Un indice démontrant que c’est une phase de test et non une phase d’acquisition des mesures : j’ai une lampe frontale sur la tête ! Et oui, c’est déjà trop magnétique et cela perturbe les mesures, tout-comme la caméra qui immortalise cet instant.

Le nuage de points de mesure d’intensité du champ magnétique, réalisées au dessus de la structure constituée de stalagmites couchés, montre des anomalies du champ magnétique local, chacune d’extension ne dépassant pas quelques dizaines de centimètre et d’intensité maximale de quelques 1/10 000e de l’intensité du champ magnétique local moyen. La structure des anomalies démontre la présence de sources magnétiques portant une aimantation de direction comparable à celle du champ magnétique local. Ces sources coïncides avec des zones rougies ou noircies. Cela démontre que les feux qui ont rougies et noircies les matériaux ont modifié leur aimantation et que les stalagmites n’ont pas bougé depuis… il y a plus de 175 000 ans d’après les datations effectuées sur la calcite https://doi.org/10.1038/nature18291. 

C’est pas vrai partout, il y a eut des zones chamboulées…. l’étude continue.