LA VICE PRÉSIDENCE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA ROCHELLE UNIVERSITÉ

J’ai exercé du 25 Avril 2016 au 31 décembre 2020 la fonction de première Vice-présidente de l’Université de La Rochelle. Si l’Université est à taille humaine (8600 étudiants, 450 personnels administratifs, 430 enseignants et enseignants chercheurs, 90 millions de budget), son projet est ambitieux. Depuis 2016, la Rochelle Université à travers la mandature du président Jean Marc Ogier, est engagée dans un projet de transformation ambitieux et transformant.

Ma charge de Vice-présidente du conseil d’administration de l’Université comprend un périmètre large, depuis les finances et les ressources humaines, jusqu’à la communication en passant par un rôle prépondérant dans la gestion du changement que vit actuellement notre institution. Ce changement, je l’ai prôné pendant la campagne, réfléchi au sein d’une équipe motivée et passionnée, et j’œuvre actuellement à sa mise en œuvre. La cohérence entre ce projet et mon parcours nécessite d’éclairer le lecteur sur la teneur du projet d’établissement de La Rochelle Université.

Le projet de La Rochelle Université

Le projet de la Rochelle Université vise à mettre l’établissement en position de conjuguer d’une part les caractéristiques d’une Université́ d’excellence, attractive et bien ancrée sur son territoire, et d’autre part les objectifs de mission de service public.

Dans cette perspective, l’Université́ de La Rochelle affiche trois ambitions  :

  1. Faire de l’Université́ de La Rochelle, une université́ mobilisée, positionnée, connue et reconnue au plus haut niveau en formation et en recherche, suivant des approches disciplinaires et pluridisciplinaires, autour d’une signature unique sur le « Littoral urbain durable intelligent » (LUDI). Il s’agit d’une approche à la fois systémique, décloisonnée et utile à la société́ : l’Université́ de La Rochelle comme leader national sur cette thématique, animatrice d’un réseau d’Universités mondiales sur le LUDI[1] et membre d’une « Université́ européenne » sur le LUDI[2].
  • S’appuyer sur ses capacités à personnaliser ses formations pour la réussite et la professionnalisation des étudiants. La Rochelle Université propose dès la licence un parcours construit par l’étudiant autours de Majeures, marquant la spécialisation de sa Licence, et de mineures, donnant une coloration unique à son parcours. Ainsi, un étudiant en Sciences de gestion peut choisir une mineure « Informatique », « Droit » ou encore « Métiers portuaires »… Pour se faire, l’Université a été lauréate d’un appel à Projets «  Nouveaux cursus Universitaires » doté de 5,4 millions sur 10 ans.
  • La positionner comme un acteur majeur du développement économique territorial et sociétal et lui permettre de prendre appui sur la puissance intellectuelle étudiante et scientifique pour construire sa propre transformation. Deux projets appuient cette transformation : le projet campus Innov propose d’animer et d’accompagner toute la chaîne stratégique de l’innovation ; le projet de smart campus, quant à lui, vise à positionner notre université comme un terrain d’expérimentation sur un campus éco-responsable. L’idée est bien d’en faire un modèle reproductible au niveau national et international, pour incarner « a smart campus in a smart city ».

Pour se faire, l’université modifie la structure de ses composantes, et notamment celle de ses UFR. L’organisation cible, qui sera en place en septembre 2020, comprend trois nouvelles composantes, dont un Institut « Littoral Urbain Durable Intelligent » regroupant tous les laboratoires et les masters s’y rapportant, et un Collegium regroupant toutes les licences, toutes disciplines confondues. Le changement de structure s’accompagne d’une révision du modèle d’allocation des moyens, d’une cartographie des emplois, d’une refonte de tous les statuts des composantes, d’un travail sur l’immobilier, le système d’information et le groupement de toutes les entités en rapport avec l’international sous une même structure (La Maison de l’International).

Le projet d’établissement dans sa richesse est expliqué sur le site de l’Université[3], et je n’en présente ici qu’une partie de manière très synthétique. C’est ce projet qui marque mon quotidien, ainsi que de nombreuses interactions avec tous les services de l’Université.

Mon rôle dans le projet politique

Mettre en place un tel projet nécessite un planning et un travail de coordination important. Le projet d’établissement, suivi par un comité de pilotage restreint composé de 4 personnes (dont je fais partie) est ensuite découpé en 14 sous-projets, eux-mêmes pilotés par des « copils ». Je suis impliquée dans 6 des 14 projets, dont un pilotage en duo avec la responsable du « Service d’Aide au Pilotage » pour le « concevoir et faire valider le système d’allocation des moyens et le contrat d’objectifs et de performance ».

Je veille personnellement à tous les éléments de communication qui permettent de rendre le projet  plus lisible et visible, tant en interne qu’en externe. Je me suis particulièrement impliquée dans la méthode, en proposant un principe de co-construction du projet dans une posture d’ouverture. Si le projet est ambitieux, nous avançons pas à pas, par expérimentation, nous entourant de nombreux outils d’aide au pilotage. Pour cette gestion du projet, je suis appuyée sur les enseignements de la théorie des organisations. Et ces aller-retours entre la théorie et la pratique m’ont permis de prendre du recul à des moments où la mise en place me paraissait compliquée.[4]

L’élaboration du budget de l’Université et la finalisation de la campagne d’emplois, sanctionnés par un vote en conseil d’administration début décembre chaque année, sont deux de mes missions récurrentes particulièrement importantes et difficiles. La soutenabilité des universités est fortement contrainte par une allocation des moyens par le Ministère qui ne tient pas compte des coûts supplémentaires induits par le  GVT (Glissement Vieillesse technicité) et la progression des carrières. Pour l’Université de La Rochelle, sous l’effet de sa structure d’emplois composée de nombreux jeunes chercheurs en phase ascendante, cela représente environ 800 000 euros par an. Dans ce contexte tendu, la campagne d’emplois est un moment particulièrement sensible, fruit de nombreuses tensions. 

A ces missions récurrentes s’ajoutent un travail régulier auprès des services de l’Université, depuis la collaboration avec les équipes de pilotage jusqu’aux missions relatives à l’immobilier, aux achats, à la gestion du personnel et la relation avec le Crous. Je préside également le conseil de la Bibliothèque Universitaire, service central au sein de notre université.

Enfin, la mission de vice-présidence passe par des fonctions de représentation et de promotion de l’Université auprès de parties prenantes externes, nombreuses et variées. Les rendez-vous au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de l’Innovation, auprès du conseiller enseignement supérieur de l’Élysée, des responsables politiques locaux à la Mairie, au Département, à la Région, marquent également le quotidien de ma mission. Dans chacune de ces tâches, j’ai la conviction que ma contribution peut apporter sa pierre à l’édifice.

Un engagement avec les mêmes ressorts personnels

Cet engagement dans la vie de l’Université résulte d’une conviction forte, et repose sur les mêmes ressorts personnels. L’adaptation des structures universitaires à un contexte fluctuant et incertain est l’affaire de tous. Les universités de taille moyenne ne peuvent se contenter de constater la polarisation des flux universitaires et de la recherche vers 10 ou 12 grands centres d’excellence en France sans agir. La survie d’une université à taille humaine comme celle de La Rochelle passe par une volonté proactive de distinction. Cette vision stratégique de notre projet n’est pas étrangère à ma spécialisation marketing et à ma connaissance des stratégies de positionnement.

Comme pour mes travaux de recherche, je tente courageusement de mettre mes convictions au service de l’intérêt collectif. Je crois à la force du marketing comme outil pédagogique au service du social. Cette responsabilité éthique qui m’amine me dicte un discours pédagogique, engagé et vrai.

Je mets dans ma mission de Vice-présidente la même volonté de transmettre et d’accompagner les équipes que dans l’enseignement. J’attache une importance particulière à la coordination de tous les pans de l’activité (formation, recherche, administration, ressources humaines, finance, international). J’ai proposé des actions de formation à tous les conseillers du Conseil d’Administration et les chefs de service sur la construction budgétaire. Je crois à la mobilisation de l’intelligence collective, et grâce à une veille constante, je suis devenue experte en « World Café », « Forum ouvert », « Design thinking » et autres méthodes où de la qualité des interactions nait une convergence vers un but commun.

J’essaie de veiller à ce que les relations entre l’administration de l’Université et le monde scientifique restent fluides. C’est la même démarche que celle que je prône entre la sphère académique et le monde de l’entreprise. Il n’est pas toujours aisé de concilier les responsabilités administratives avec une activité de recherche intense. Grace à un président particulièrement engagé dans la recherche et les activités scientifiques, j’ai pu consacrer un jour par semaine à la recherche, auquel se sont ajoutées des soirées studieuses, des week-end projet-recherche et des vacances-rédaction. Je suis entourée d’une équipe de travail politique et administrative merveilleuse, très stimulante, qui m’accompagne et me conseille. Malgré des sollicitations amicales mais nombreuses, j’ai décidé de ne pas candidater sur un poste politique telle que Vice-présidente dans un avenir proche. Si j’apprécie beaucoup cette expérience et je sens qu’elle me nourrit grandement, je ressens également le besoin et l’envie d’aller plus loin dans mon parcours recherche sur les prochaines années. J’attends de l’Habilitation à Diriger des Recherches une confortation et une légitimation dans ce nouvel élan qui m’anime.


[1] La Rochelle Université a aussi pris l’initiative de lancer une charte européenne des universités engagées sur les enjeux du Littoral Urbain Durable Intelligent. Pour le moment, ce sont déjà 10 universités françaises et 4 européennes qui ont répondu favorablement à la signature de cette charte.

[2] La Rochelle Université est lauréate du projet EU-Conexus, l’un des dix-sept projets retenus pour mettre en place les premières universités européennes. Le projet consiste à mettre en place une Université Européenne pour un Littoral Urbain Durable et Intelligent avec les 6 universités européennes partenaires (Université catholique de Valence, L’Université de Zadar, l’Université d’Athènes, l’Université de Bucarest et l’Université de Klaipeda).

[3] https://www.univ-larochelle.fr/luniversite/grands-projets/projet-detablissement-2018-2021/

[4] J’ai écrit en 2017 un article publié dans « Administration  & Education » un article intitulé « Le smart campus de l’Université de La Rochelle, un living lab pour la cité »